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Là où tout à commencer

Aalhya, décédée à 19 semaines d'aménorrhée, à la maternité ;


J’ai trouvé la force de déposer ici mes émotions, et à mon tour dire sans retenue que moi aussi, j’ai un petit ange qui veille sur moi, qui a fait de moi la femme que je suis aujourd’hui!


Je me souviendrais toujours de ce jour, du parfum dans la chambre, de la chaleur de l’eau sur ma peau en prenant ma douche, de mes pensées qui s’envolait en imaginant ton visage, ton sourire, tes premiers mots, tes premiers pas, tous ces moments qui marquent la vie d’une future maman. Je me demandais également si tu aurais le sourire de ton papa, ses magnifiques yeux ! Il nous avait laissés quelques semaines avant dans un terrible accident de la route, mais je le sentais près de moi dans chacun de mes pas, je sentais son odeur dans les draps et dans les chemises laissées dans le tiroir, car bien entendu, je gardais un petit bout de lui, pour toi, pour nous, pour me souvenir que tu étais son plus beau cadeau, que tu étais là en moi, tu étais tout ce qu’il me restait de lui.


Plusieurs jours plus tard, je quittais l’appartement pour retourner chez ma mère, douce et tendre elle m’attendait bras ouverts.


C’était difficile pour elle, impuissante face à ma douleur, que je cachais si bien derrière mon sourire.


Elle a partagé avec moi des moments très difficiles.


Ce matin-là, j’étais fatiguée, triste, mal dans ma peau. Des douleurs dans le bas de dos, dans mes jambes, ma mère inquiète m’a demandée de ne pas attendre et d’aller chez le médecin. Rendez-vous pris et durant la consultation il repère du sang et une tension très élevée. Direction l’hôpital, sans attendre, maman et moi, le cœur serré en priant que ça ne soit pas ça, pas encore une fois, non pas toi !


Arrivée à l’hôpital, je suis reçue par une infirmière. Agréable elle m’explique les soins que l’on va me faire et la prise en charge. Quelques minutes plus tard, le gynécologue arrive et les examens commencent. C’est suite à l’échographie que la nouvelle nous fait l’effet d’une bombe, j’ai eu l’impression de tomber dans un gouffre, comme si, quoique je sois couchée ; la terre se dérobait sous mes pieds. Un trou bayant dans la poitrine, plus de souffle, même pas assez pour crier !!!


« Le cœur du bébé est défectueux », je me souviens encore du terme employé !


« Malheureusement elle ne vivra pas encore très longtemps ; madame je suis désolée mais votre corps vous indique qu’il est temps de la laisser partir. »


(Je ne rentrer pas dans les détails de cette malformation cardiaque)


Je ne pouvais pas lui en vouloir à ce bonhomme, ce gynécologue, qui ne savait pas que quelques semaines auparavant j’avais dû laisser également partir ton père.


Mais intérieurement je me suis dit, mais tais-toi !Tu es médecin ; soigne là, guéris là, trouve une solution ! Mais je savais que c’était impossible, ton petit cœur allait s’éteindre rapidement, j’étais à dix-neuf semaines, j’imaginais le rose de ta chambre, la couleur de ta première robe mais pas celle d’un drap blanc, qui entourerait ton petit corps sans vie !


Le médecin, ainsi que les infirmières m’ont proposé à plusieurs reprises de faire le nécessaire sous anesthésie générale, appelant cela une « IVG médicale », cela me donne encore froid dans le dos, un coup de poignard enfoncé au plus profond de mes entrailles. Refus catégorique, c’est mon bébé, ma petite fille, à moi de choisir la façon de lui dire au revoir !


Médicaments avalés, perfusion en place, les infirmières ne me regardaient pas dans les yeux, leurs regards me fuyaient comme si ma détresse était intolérable, j’étais inconsolable. Maman était retournée s’occuper de mes deux petits garçons. Elle m’appelait et m’écoutait pleurer sans dire un mot, juste en me disant « je suis là, je reste là, tant que tu en auras besoin » nous sommes restées ainsi durant de longues minutes avant que je ne sente les premières contractions, douloureuses, insupportables pas physiquement mais psychologiquement.


« Maman, c’est le moment », dit aux garçons que « je les aime très fort, à tout à l’heure ».


Les infirmières me préparent, elles me parlent très calmement, machinalement elles exercent les gestes qui vont me conduire vers la naissance de ma petite fille.


Je pleure sans pouvoir m’arrêter, la sage-femme me regarde les yeux mouillé, « courage madame, c’est bientôt terminé. » A peine sortie, avec beaucoup de délicatesse, on te dépose dans un drap. On t’éloigne de moi, juste un instant pour te faire une petite toilette, jusqu’à ce que je découvre ton petit visage, tu es belle, tes yeux ont la forme de ceux de ton papa, comme il serait fier de toi… Je t’approche de mon visage, pour sentir ce doux parfum du bébé qui vient de naître, ton petit corps est encore chaud, la vie est toujours en toi. Je regarde la sage-femme qui calmement m’explique que tu vas t’endormir et que tout sera fini.


Elles quittent toute la chambre, à l’exception d’une seule, qui se met dans le coin de la chambre, discrète telle une statue, elle ne dira pas un mot. Elle restera là, tête baissée, j’ai même cru voir une larme couler sur ses joues quand, je fredonne la chanson, dont les paroles sont simples mais pleines d’amour…


« Dort mon bébé dort, n’ai plus peur je suis là, dort bébé dort, maman t’aime fort ».


Et je les répète jusqu’à ce que tu me quittes, pour rejoindre les bras de ton papa.


A tous jamais et plus encore…


Je n’ai pas pu t’emmener, ni te donner de nom, je n’ai pas d’endroit pour venir me recueillir.


Pourquoi ? Tous simplement parce qu’à part pour moi, tu n’existes pas…






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