
Deuil périnatal
UN PEU
d'histoire
La photographie post-mortem
En tant que photographe, la photographie post-mortem m'a toujours fascinée. Alors quand Véronique m'a proposé de prendre part à ce projet, je n'ai pas hésité. Même si de nos jours ce style de photographie choque beaucoup de monde, il est nécessaire de comprendre qu'elle n'est pas là dans un esprit "malsain" ou "sinistre".
Entre le 17ixième et le 19ième siècle, la vision de la mort était différente de celle que nous avons aujourd'hui notamment parce-que le taux de mortalité adulte et infantile était plus important ; il n'était pas rare qu'une même famille aie perdu un ou plusieurs enfants, ce qui rendait le sujet moins tabou qu'actuellement.
Autre point important, à cette époque, se rendre à la morgue en famille ou entre amis pour identifier ou observer des corps était monnaie courante.
Au départ, la photographie post-mortem était essentiellement réservée à un public aisé car le coût d'une photographie à cette époque avoisinant les prix des grands tableaux : la technique n'était pas encore aboutie, et il fallait plusieurs minutes voir heures de pause pour arriver à un résultat correct.
Au premier abord, la photographie post mortem peut paraître sinistre et malsaine, mais il ne faut pas oublier de remettre dans son contexte, ce type de photographie dont l'essor se fera principalement entre 1840-1850 : la mort est un sujet moins tabou dans la société puisqu'elle est une composante présente dans la vie quotidienne.
La photographie post-mortem est de plus en plus utilisée, puisque les cimetières s'éloignent des centres villes pour s'installer en périphérie. On ne passe donc plus au cimetière chaque jour comme on en avait l’habitude, mais occasionnellement et pour des visite plus longues. Il s’agit réellement du désir de garder un souvenir du défunt.
La photographie post mortem comporte plusieurs modèles :
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Dans un premier style, les yeux du corps sont le plus souvent fermés : la personne est représentée comme endormie, assoupie ou clignant des yeux dans une pose détendue. Les adultes sont représentés sur un lit, les enfants dans leur berceau.
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L’état de mort peut également être explicitement signalé par la présence de cierges à côté ou autour du défunt, de fleurs fanées symbolisant la vanité de la vie ou bien de crucifix tenu par les défunts.
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Un autre modèle de photographie post-mortem consiste à mettre en scène les défunts avec leurs familles. Dans ce cas, les portraits sont agencés comme ceux d’une famille ordinaire. Les défunts, s’il s’agit d’enfants, sont souvent portés sur les genoux de l’un de leurs parents ou d’un autre membre de leur famille (frères, sœurs …). Ils peuvent également être assis sur une chaise, donnant la main à un proche. Enfin, l’enfant peut être couché par terre, dans un couffin, l’air endormi.
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Les personnes adultes sont quant à elles la plupart du temps présentées assises sur une chaise ou un fauteuil.
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Enfin, un autre modèle, sûrement le plus perturbant d’entre tous, a pour but de mettre en scène les morts dans des positions de vivants, grâce à un dispositif faisant tenir les corps debout. Les défunts sont alors présentés dans des photographies de famille ou encore, plus rarement, sur leur lieu de travail
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La photographie post mortem, n’est pas totalement révolue, elle est encore pratiquée dans certaines régions du monde, comme l’Europe orientale et certains pays de l’Est.
On distribue encore de nos jours des photographies de personnes considérées comme « Saint ou Sainte », aux fidèles catholiques ou aux Orthodoxes Chrétiens en Europe de l’Est.
Ce sujet, délicat s’il en est de la représentation de la mort et de la relation à la personne disparue illustre à la fois l’évolution des mentalités, mais aussi une autre relation à la mémoire que celle de fixer les instants heureux qu’est devenue la photographie, elle a participé un temps d’une histoire plus intime, plus douloureuse et peut être aussi cathartique de nos ancêtres.
Sources :
http://www.lemadblog.com/photo/histoire-de-la-photo-la-photo-mortuaire/




